Matériau traditionnel et écologique, le pisé redevient tendance, comme à Cruzilles-lès-Mépillat dans l’Ain, où la commune a inauguré l’extension en terre crue de la cantine scolaire, réalisée par Morel Bâtiment.

Retour aux sources

C’est un clin d’œil à l’histoire locale : à Cruzilles-lès-Mépillat, l’extension de la cantine scolaire, inaugurée le 9 novembre et construite en pisé traditionnel, se dresse à côté de l’école bâtie avec ce même matériau au début du siècle dernier. Entre ces deux bâtiments, la cantine des années 90, construite à base de ciment et longtemps perçue comme moderne pour cette raison, paraît aujourd’hui moins alignée avec les préoccupations écologiques, là où le pisé, matériau ancestral, répond pleinement.

L’extraction de la terre depuis un terrain communal, situé à quelques centaines de mètres de la cantine, a contribué à réduire l’impact environnemental du chantier. « Ce sont 40 tonnes de terre qui ont été extraites, tamisées, puis coffrées et compactées », explique Valentin Marion, gérant de l’entreprise Morel Bâtiment, située à Cormoranche-sur-Saône, qui a réalisé l’extension. Une des caractéristiques du pisé réside dans l’épaisseur des murs, indispensable pour permettre aux ouvriers de tasser la terre à l’intérieur des coffrages.

Les nombreux atouts du pisé

Composé de terre crue, une ressource économique et abondante, le pisé n’a pas besoin de procédés énergivores comme la cuisson. De plus, l’argile qu’il contient agit comme un liant naturel, ce qui confère à l’ensemble un excellent bilan carbone. Entièrement recyclable, il répond aux normes environnementales les plus exigeantes, comme la RE2020, et sa durabilité est attestée par les nombreuses fermes bicentenaires encore debout aujourd’hui.

Côté confort, le pisé excelle grâce à ses propriétés de régulation hygrométrique. En hiver, il absorbe l’excès de vapeur d’eau, ce qui dégage une légère chaleur. En été, sa capacité à humidifier et rafraîchir l’air, combinée à son inertie thermique, ralentit le transfert de chaleur extérieure vers l’intérieur, offrant un logement naturellement plus frais. Il ajoute également une dimension esthétique, avec ses teintes naturelles et son toucher brut.

« Le pisé combine durabilité, confort, esthétique et circuit court. C’est une solution intemporelle qui répond aux enjeux actuels », explique Valentin Marion. Pour cette réalisation, il a travaillé aux côtés de l’architecte mâconnais Giulio Montrasi, qui a conçu un bâtiment arrondi, agrémenté de grandes baies vitrées pour créer « un dialogue doux avec l’arbre en face et laisser entrer une lumière naturelle ».

Une réalisation saluée

Lors de l’inauguration, le maire Dominique Boyer a souligné « un projet qui répond aux besoins des élèves tout en valorisant les ressources locales ». Christophe Greffet, président de la Communauté de communes de la Veyle, a salué « un rendu de qualité à l’empreinte carbone limitée ». Xavier Breton, député de l’Ain et conseiller régional, et Charles de la Verpillière, conseiller départemental, ont évoqué « une intégration réussie dans le patrimoine communal » et « une réalisation en faveur de l’enfance, inscrite dans une démarche durable ».

Un bel avenir

Morel Bâtiment, qui a célébré son centenaire en 2023, multiplie les projets en pisé pour les collectivités, les entreprises et les particuliers. « La demande est forte et en croissance, c’est pourquoi nous avons beaucoup investi dans la formation des équipes », explique Valentin Marion. Un savoir-faire ancien qui n’est pas près de disparaître. ■